L’argent liquide, une valeur refuge?

Les billets de banque peuvent être considérés comme des valeurs refuges à condition qu’ils soient adossés à des économies puissantes. Mais, lors des crises financières les plus graves, sont-ils d’un véritable secours ? Protègent-ils, par exemple, de l’hyperinflation ? En avoir chez soi est-il pertinent lors des grands moments de panique sur le marché ? Ce sont les questions auxquelles nous allons répondre dans ce court billet.

Le dollar américain est la monnaie de réserve mondiale. Adossé à une économie loin d’avoir perdu son dynamisme en dépit des crises, il continue de dicter sa loi sur la finance mondiale, et garde avec force son statut de monnaie refuge. Le montant astronomique de la dette américaine, la concurrence des pays émergents sur la scène mondiale, le retour de la puissance allemande, n’ont globalement pas modifié la perception du dollar comme la monnaie de référence. Conséquence de tout cela, l’achat de billets verts, en temps de crise, est une option a priori raisonnable. Cependant, ce serait, à double titre, une erreur de juger que le dollar soit le seul à même de véritablement remplir le rôle de monnaie refuge. D’une part, parce que l’économie des États-Unis présente plusieurs failles qui vont impacter nécessairement sa valeur dans un futur qui n’est peut-être plus aussi lointain. Et d’autre part, parce qu’il existe d’autres monnaies, qui, même n’ayant pas le statut de réserve mondiale, n’en sont pas moins fiables et solides.

La couronne norvégienne est une monnaie qui peut servir de valeur refuge en temps de crise. Elle s’appuie, en effet, sur l’une des plus grandes réserves de pétrole au monde. A la tête d’un fonds souverain doté de plus 600 milliards de dollars, la Norvège bénéficie d’une confiance rarement élevée de la finance mondiale. Qui le voit non seulement comme richissime, mais aussi, et surtout, comme extrêmement bien gérée. Sur le plan économique, mais également social : les revenus du pétrole sont équitablement répartis. La Norvège, un modèle de bonne gouvernance. Ce constat est presque devenu une banalité tant le pays affiche une insolente réussite en comparaison de ses voisins européens. Croissance forte, taux de chômage très bas, dette publique maitrisée : des paramètres qui font de sa couronne une valeur refuge en temps de crise.

Le franc suisse, un gage de solidité

En dépit de sa relative petite taille et de sa géographie, « coincée » entre plusieurs grand pays, la Suisse continue d’être l’un des États les plus prospères du monde. Prospérité qui se manifeste, entre autres, par sa réussite en matière d’exportations et un taux de chômage peu élevé, et qui bénéficie directement à sa monnaie, le franc suisse, dont le statut de valeur refuge n’est pas contesté malgré l’existence de spéculation récurrente à son encontre. Avoir une réserve de franc suisse n’est donc pas une mauvaise idée lors des crises économiques. Cependant, il ne faut pas oublier que la Suisse est fortement adossée à l’Union Européenne en matière d’échanges commerciaux. Bien qu’étant une zone économiquement très avancée, cette dernière n’est pas à l’abri d’instabilité.

Dollar américain, couronne norvégienne, franc suisse, ces grandes monnaies refuges n’ont pas perdu leur statut malgré les péripéties qu’elles ont traversées. Leur fragilité n’en est pas moins apparue au grand jour. La dette pour le dollar, un cours du pétrole marquée par une tendance forte à la baisse pour la couronne, la spéculation de grands investisseurs pour le franc suisse. C’est pourquoi les investisseurs, aussi bien que les particuliers, sont de plus en plus nombreux à élargir leurs réserves de devise à d’autres monnaies. Notamment celles des pays émergents. Le Chili et la Chine sont souvent évoqués.