Terres agricoles, une valeur refuge?

Parmi les actifs tangibles, les terres agricoles font partie des plus recherchées. Elles sont considérées comme les nouvelles valeurs refuges face aux incertitudes qui pèsent sur l’économie. Alors, les terres agricoles : mirage ou véritable eldorado ? Comment se passe les investissements dans les terres agricoles ?

Les besoins alimentaires augmentent. La raison à cela est très simple : il existe de plus en plus de personnes à nourrir sur notre planète. Une explosion démographique qui n’est pas près de s’arrêter. A ce titre, les terres agricoles constituent une richesse extrêmement convoitée. Elles prennent, de ce fait, automatiquement de la valeur ; et deviennent même pour certains Etats, une ressource stratégique. Cet actif particulier n’attire pas que des acteurs étatiques. Plusieurs fonds de capital-investissement se sont montrés ainsi particulièrement dynamiques dans les opérations d’acquisition de terres agricoles. Cette ruée s’est traduit par une hausse rapide des cours, hausse qui a lieu à échelle globale, car, aucun pays ne semble épargné par la frénésie d’achat des investisseurs. Concernant l’Europe, les prix des terres n’ont cessé de grimper ces dernières années. Rien qu’en France, ils avaient augmenté de 42 % entre 2006 et 2013, chiffre fourni par les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER). Toutefois, il faut signaler que cette montée est également causée, en partie, par des spéculations immobilières. Les terrains situés dans la proche périphérie des villes ont vu leur valeur doublée, voire plus. La raréfaction des parcelles constructibles conduisent aussi, ainsi, les investisseurs à s’intéresser davantage aux terres agricoles. Mais à noter tout de même que des facteurs de qualité jouent dans la disparité constatée des prix, certaines terres valant plus chères que d’autres. Comparé à ses voisins européens de l’Ouest, le cours des terres agricoles françaises est relativement plus abordable. L’investissement est d’autant plus intéressant que celles-ci sont considérées par les experts comme étant d’excellente qualité.

L’Afrique offre de grande quantité de terres agricoles encore disponibles. Mais, il faut savoir que les cours qui ont lieu sur ce continent ne sont pas toujours transparents. De plus, des problèmes de corruption peuvent survenir à tout moment. Ajouter à cela l’instabilité de certains pays, et le cocktail, inévitablement, va exploser. L’Amérique du sud et l’Asie ont les mêmes problèmes, mais à un degré moindre. Ces régions du monde offrent donc à la fois l’avantage un prix accessible -pour les Etats et les multinationales en quête de terres agricoles de bonne qualité- et l’inconvénient de l’incertitude, en raison d’une instabilité politique plus ou moins fortement marquée. En revanche, pour un particulier, investir à l’étranger peut vite tourner à la catastrophe. Les parcelles coûtent cher, les acquisitions prennent beaucoup de temps en raison de lourdeurs administratives. Les droits de propriété, quant à eux, ne font pas nécessairement l’objet d’un respect scrupuleux. Ils sont, en outre, complexes, et pas toujours transparents. Quand on n’a pas de solides notions juridiques, il devient difficile de ne pas rencontrer des problèmes avec certains membres de l’administration publique de ces pays. Les ventes de terrains se font par ailleurs souvent à grande échelle, ce qui peut avoir un effet dissuasif sur beaucoup de candidats potentiels.

Il est néanmoins possible d’investir dans des firmes spécialisées dans le foncier. La question éthique se pose dans ce cas-ci, car, certaines multinationales pratiquent une politique d’accaparement issue d’une époque révolue. A cause de cela, l’exploitation de terres agricoles fait l’objet de campagnes parfois virulentes dans les médias classiques, mais aussi sur la Toile. Cette activité peut donc être très mal vue par quelques-uns. Ces personnes mécontentes, qui sont de plus en plus en nombreuses à travers le monde, rendent risqué l’investissement dans les terres agricoles, remettant en cause le statut de valeur refuge de ces dernières.

En tant que particulier, il est possible de commencer par investir dans quelques hectares de terrains, si l’on veut rester en Europe. Les contrats de fermage sont, par exemple, un bon moyen de rentabiliser une terre agricole. En cas de problème d’exploitation, le propriétaire foncier n’encourt aucun risque, celui-ci étant uniquement sur les épaules du producteur. Il faut toutefois ajouter que l’on ne peut pas fixer soi-même la contrepartie financière réclamée pour le fermage, du moins en ce qui concerne la France. Celle-ci est encadrée par les SAFER. On estime que la rentabilité d’un investissement en terres agricoles est environ de 3% dans l’Hexagone.